dimanche 25 juillet 2010

Jour 4

Dimanche 11 juillet 2010

Arrivée cette nuit à 4h à la gare de Suceava. J’ai été tirée brutalement de mon sommeil agité par une voix qui semblait répéter «Java ! Java !», et encore dans les brumes disséminées par Morphée, je ne comprenais rien.
Une de mes compagnes de voyage a sauté de sa couchette en expliquant «on arrive», alors que je demandais d’une voix pâteuse «ça veut dire quoi Java ?».
Plus vraiment endormie, pas vraiment réveillée, j’ai un souvenir un peu confus de cette arrivée. Nos sacs dans la nuit empilés sur le quai humide, le bruit de la locomotive qui semble avoir klaxonné durant tout le voyage, puis notre traversée silencieuse de cette gare sinistre au petit matin, et devant laquelle nous attendait un minibus.
Encore ¾ d’heure de route, chahutés dans les ornières, puis l’arrivée à notre pension, une maison paysanne où nous allons passer 3 jours.
Je n’ai jamais lu les contes de l’Isba dont m’ont beaucoup parlé mon père et ma tante, mais j’ai toujours laissé libre cours à mon imagination à leur évocation. Et en pénétrant chez nos hôtes, puis en découvrant ma chambre, j’ai eu le sentiment de feuilleter les pages de ce livre.
Tout est absolument ravissant, coquet, chaleureux, et l’on se croirait presque à l’intérieur d’une maison de poupée toute en bois. Les parquets craquent, les murs blancs sont recouverts de tapis muraux colorés, et mon petit lit en bois est digne du livre «boucle d’or» que l’on me lisait quand j’étais petite.


Nous sommes actuellement en Bucovine, au nord de la Moldavie qui est une région de la Roumanie.
La semaine dernière cette région a été touchée par d’importantes inondations, et à quelques jours près nous n’aurions pu parvenir jusqu’ici, les lignes de train étant coupées.
Le temps est très incertain, il fait chaud et lourd et de grosses averses ont lieu dans la journée, suivies ensuite par de magnifiques éclaircies où le soleil tape et brûle.
Après avoir visité un monastère ce matin (1ier d’une longue série), planté au milieu d’un jardin somptueux disparaissant presque sous les fleurs gorgées d’eau, nous sommes partis en début d’après midi en randonnée sur les hauteurs du village.
Le temps était superbe, les couleurs magnifiques, mais à peine avions nous fait 200 mètres qu’une averse violente nous est tombée dessus nous trempant jusqu’à l’os.
Mon pantalon de rando était à tordre et je l’ai roulé jusqu’aux genoux pour ne pas avoir à supporter plus longtemps le tissus trempé collé à mes jambes.
Nous avons progressé dans la boue (dans laquelle j’ai d’ailleurs fini par m’étaler), nous retenant aux branches pour ne pas glisser, et le passage d’une rivière, sous une pluie battante, en équilibre sur 2 rondins de bois glissant, m’a semblé assez périlleux.
Puis le soleil est revenu, aussi vite qu’il était parti, séchant nos vêtements, et parant la forêt de mille lumières (je sais…….c’est beau ce que j’écris).
L’homme chez qui nous logeons nous accompagnait en nous racontant l’époque où à l’arrivée des communistes tous les hommes du village avaient pris le maquis dans la montagne pour résister.
Puis son enfance où son père paysan devait donner la quasi-totalité de sa production à l’état, et partait braconner pour apporter de la viande à sa famille. Il abattait le gibier le plus loin possible dans les parties les plus encaissées de la montagne, pour ne pas être entendu, puis il cachait ensuite ce qu’il rapportait dans le puit de la maison.
A le regarder et à l’écouter avec sa besace en travers du torse, son couteau à la main pour ramasser les champignons, mon imagination a vite fait de me transporter au temps de la résistance, embusquée dans les bois, à relever mes pièges. Je buvais littéralement ses paroles et je me suis régalée.
Nous avons finalement atteint le sommet et un point de vue magnifique d’où nous pouvions apercevoir au loin la ligne irrégulière des carpates.




Petite émotion cependant lors de la descente par un autre chemin, les pluies ayant carrément emporté la route que nous devions rejoindre. A la place….un trou, et au fond, l’eau se fracassant sur les rochers.
Nous avons du passer avec précaution, nous tenant éloigné le plus possible de la ligne d’éboulement pour ne pas en provoquer un second.


Cette région est magnifique, et le coté positif de la pluie c’est que les couleurs ressortent d’autant plus, me poussant à sortir sans cesse mon appareil photo.

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