dimanche 8 mai 2011

Jour 5

Vendredi 8 Avril 2011 non loin du col d’Ifrkhas (1350 m)

Je pense (et je sens) qu’aujourd’hui a été la journée la plus dure physiquement pour moi. L’accumulation de fatigue sans doute, la chaleur (35° à l’ombre) et une hypoglycémie en pleine montée qui m’a obligé à m’arrêter et à m’allonger pour retrouver un peu de forces, bref ! J’ai franchement ramé. Mon petit malaise m’a laissé ensuite des jambes et des bras de coton dont je me serais bien passé pour poursuivre la randonnée.
Noter pour plus tard : prévoir dorénavant 2 gourdes. Une pour l’eau en cours de traitement et une pour l’eau prête à boire. Mes comprimés mettent 2heures à désinfecter l’eau franchement trouble, et au cours de ces 2 heures j’attends la langue pendante en mendiant auprès de mes compagnons de voyage quelques gorgées d’eau qu’ils m’offrent volontiers.
Malgré ces petites contrariétés la randonnée a été une fois de plus splendide et époustouflante avec des points de vues magnifiques à certains endroits.


Les villages sont parfois difficiles à distinguer, fondus dans le décor. Il faut scruter, repérer une maison, puis une autre et c’est soudain tout un village que l’on avait sous les yeux qui apparaît.
Nos lieux de bivouac sont toujours perchés, nous permettant de dominer plaines et montagnes.
Toujours aussi à proximité d’un village où notre cuisinier achète des produits frais, dont le dindon d’hier soir «bibi» avec lequel il nous a régalé.
Je ne pense pas avoir aussi bien mangé jusqu’ici au cours des mes différents treks. Les repas ont toujours été particulièrement délicieux mais Mohamed notre adorable cuisinier est réellement exceptionnel.


En plus d’être guide, Lhoussein s’avère être aussi rebouteux et excellent masseur. Ce soir, avec l’aide de l’une des nôtres qui est aussi de la partie, il va masser chacun d’entre nous. C’est actuellement le tour de Melle C dont les cris me laissent à penser que quelques points douloureux viennent d’être détectés.
Après presque 1 semaine sac au dos, je pense que ce massage sera le bienvenue………même si je dois hurler.


(Massage sur les coups de soleil........que du bonheur....)

dimanche 1 mai 2011

Jour 4

Jeudi 7 Avril 2011 Tarast (1200m).

Allongée sur un matelas, en pleine nature face aux sommets enneigés de l’Atlas, alors que le jour décline, je peux dire que je vis un moment de véritable plénitude et de bonheur à garder parmi les fiches «instants uniques» de ma mémoire.


Une odeur d’oignons qui rissolent s’échappe de la grande tente berbère qui fait office de cuisine, et mon ventre gargouille déjà de plaisir par anticipation.
Pour cette journée, le soleil a été très franchement de la partie. Enfin, nous avons pu ranger les polaires au fond des sacs et offrir nos bras nus aux caresses du soleil. En ce qui me concerne on parlera d’ailleurs plutôt de «gifles» car j’ai littéralement grillé tel un toast.
Largement plus facile qu’hier (ou alors ce sont mes muscles qui s’adaptent……..), cette randonnée nous a fait traverser les nombreux champs de luzernes et d’orge parsemés de coquelicots. On distingue les jeunes filles qui y travaillent et arrachent les mauvaises herbes, grâce à leurs vêtements joyeusement colorés qui se détachent du vert ambiant. Elles nous saluent timidement s’arrêtant pour nous regarder passer en riant, légèrement embarrassées de l’intérêt qu’elles succitent chez nous.


La modeste photographe qui sommeille en moi s’est régalée des contrastes.
Après le repas pris à l’ombre des oliviers, nous nous sommes enfoncés dans les gorges de l’assif Ourous habituellement à sec à cette époque. Mouuuarrrf ! C’était que des menteries, les pluies des derniers jours avaient grossi l’habituel pissouillou et il nous a fallu progresser durant une petite heure avec de l’eau argileuse jusqu’aux genoux, la violence du courant menaçant à chaque instant de nous renverser.


Mes chaussures sont trempées et j’ai peu d’espoir que la nuit aux pieds de la tente ne leur permette de sécher. J’irai tout à l’heure les poser près du feu où les muletiers font actuellement cuire le pain. Un pain qui me manquera d’ailleurs une fois de retour en France.


Melle C est partie tout à l’heure rejoindre le cuisinier, un stylo et un calepin à la main.
Je l’entends qui pose des questions sur les tajines savoureux que nous avons eu toute la semaine et elle prend des notes.


Elle vient de sortir à l’instant de la tente cuisine annonçant qu’à partir de maintenant elle ne pouvait plus louper un tajine. Derrière elle j’ai alors entendu la voix paisible et souriante de Mohamed ajouter : «Inch Allah»……..