Il y a quelques jours ma petite nièce, Pomponette, qui affichera bientôt 5 ans au compteur a fait une remarque qui a laissé sa nounou au tempérament très terre à terre particulièrement perplexe et inquiète.
Elle jouait, totalement immergée dans son monde imaginaire, quand celle-ci lui a demandé ce qu’elle faisait
- Je rêve, et si tu m’enlèves mes rêves, je meure !
Etant donné la situation de la demoiselle Pomponette qui a perdu son Papa à l’âge de 18 mois et qui donc très tôt a été confrontée à la réalité de la mort, la nounou attentive au moindre soubresaut d’humeur (dont la louloute n’est pas avare) qui lui permettra de déceler au plus tôt les prémices d’une dépression ou d’une tendance morbide, s’est précipitée pour relater la chose à ma sœur…………..qui me la ensuite raconté toute attendrie.
Quand on a une petite fille qui revient de l’école avec un pansement au genou en expliquant qu’elle est tombée de son carrosse car les chevaux se sont emballés, cette réflexion frappée au coin du bon sens reste dans la logique des choses……et en particulier dans notre logique familiale où le rêve a toujours eu sa place.
Il est vrai qu’avec sa façon bien à elle de formuler les choses Pomponette a de quoi affoler un auditoire non averti.
Je précise tout de même que ma sœur prête une oreille attentive et sérieuse aux remarques de sa nounou…….
Cette réflexion de ma nièce m’a cependant fait réfléchir et je me suis interrogée sur les dangers que la trop grande importance de l’imagination pouvait apporter à un jeune enfant………..et ceci m’a ramené à ma propre enfance où le rêve et l’imaginaire étaient omniprésents.
Tout comme Pomponette je m’accommodais des contrariétés de la réalité en m’aménageant des espaces de rêves où tout était permis et possible. Avec ma sœur nous avions inventé un jeu où nous étions deux petites filles pourries gâtées par nos parents. Le but du jeu était de faire un maximum de caprices devant des parents imaginaires dépourvus de la moindre résistance. Une vraie soupape pour nos frustrations d’enfants.
A l’adolescence mes velléités de voyage commençant à naître je passais des heures enfermées dans ma chambre devant une carte du monde à relater dans un cahier les multiples aventures qui m’arrivaient au cours des périples que mon esprit fertile imaginait.
Puis mes longues études dont je ne voyais pas le bout n’ont été possible selon moi que grâce aux rêves qui m'encourageaient et me permettaient de travailler en imaginant tout ce que je pourrais concrétiser ensuite. Quand un cours me rebutait, des heures de travail m’effrayaient, je me projetais alors dans l’adulte libre et indépendante que je deviendrais.
Je crois pouvoir dire aujourd’hui que ma vie est à la hauteur des rêves que j’avais et que le seul danger dont je voudrais préserver ma nièce c’est qu’elle y perde pied sans réaliser que les rêves sont un tremplin vers la réalité et non une façon d’y échapper totalement.