Avant de me lancer dans l’aventure du blog (j’ai d’abord hésité de nombreuses années), et à défaut d’écrire pour des inconnus et de mettre mes lignes sur la toile, j’écrivais pour moi-même.
Une scène rigolote dans la rue, une expérience particulière, un sale coup aussi parfois, et hop ! Il fallait que je l’écrive quelque part pour en rire, pour prendre du recul, pour m’amuser……
Lorsque le résultat me plaisait je l’envoyais ensuite à mes proches, pour les faire sourire.
C’est comme ça que mon beau frère a un jour reçu ce texte que je viens de retrouver en rangeant mon ordinateur (oui ! ça se range un ordi….).
Ludo était le mari de
Poufpouf et malgré la distance qui nous séparait il ne prenait aucune décision concernant sa santé ou celle de sa fille aînée (il n’a pas eu le bonheur de voir naître la seconde) sans me consulter.
Qu’il s’agisse d’un vulgaire rhume ou d'une pathologie plus grave, dans la rue devant sa pharmacie il m’appelait toujours au préalable pour que je lui indique quoi demander.
Une fois le produit acheté il me demandait ensuite comment le prendre (à croire qu’il l’avait volé dans un rayon sans rencontrer un seul membre du personnel de sa pharmacie habituelle).
C’est comme ça que suite à un samedi peu ordinaire j’ai écrit ce texte pour qu’il prenne toute la mesure de mon dévouement de belle sœur.
La Tanternité
Samedi soir, 18h, fin de journée, fin de semaine, votre pharmacienne préférée, harassée, vidée, exténuée d’avoir dispensé conseils et sourires tout au long des dernières heures, guette du coin de l’œil la grande aiguille de l’horloge qui n’en finit pas de traîner malgré la trotteuse qui galope joyeusement vers la fermeture, le week end, l’apéro, la grasse mat etc……..
Les ordonnances se suivent et se ressemblent :
- « 1 cpmé trois fois par jour aux repas » -
- « à quel moment ??? »
- « aux repas madame ! »
- « Ah ? avant le repas, ou après ? »
- « ……pendant le repas tout simplement……. »
- « Ah ??? donc au milieu ? »
- « voilàààààààààààà !!!!! »
- « Et si je ne mange pas ?????? »
- ……
- ……
- « ……….on vous a parlé de la forme suppos ?????? ».
- Fin de la conversation
Bref !!! le quotidien suit son cours…………quand………….tout à coup…………un homme sublime, jeune, souriant, totalement inespéré à cette heure de la journée et dans un tel endroit (ben oui !! bâti comme ça on doit péter la santé, qu’est ce qu’on fout Nom de dieu dans une pharmacie ?) arrive avec une ordonnance.
Tout le monde l’a vu et la plus rapide de nous toutes a déjà son ordonnance en main.
- « C’est pour une ceinture de soutien lombaire, il faut prendre des mesures »
Là j’interviens. JE suis la RESPONSABLE. Prendre des mesures n’est pas anodin, on peuuuut se tromper et du coup donner la mauvaise taille, et donc le mauvais soutien……..ouiiiiiii…….Poussez vous les filles il est pour moi !!!!! Vous n’aviez qu’à faire de longues études, bosser tous les mois de Mai vos partiels au lieu de regarder Roland Garros.
Ma mère me l’avait dit « décroche un diplôme ma fille, tu ne le regretteras pas ». Je comprends enfin aujourd’hui !.
Prendre des mesures n’est habituellement pas le meilleur moment de la journée. Entraîner un petit gars bedonnant dans une pièce isolée, tout émoustillé en nous entendant ordonner froidement «déshabillez vous !!», ou bien découvrir les jambes poilues et variqueuses d’une petite octogénaire chancelante qui va menacer de s ‘effondrer dés qu’on va lui lever la jambe, bref !! ! !!! Ça n’est généralement pas l’extase !!!. (et afin de ménager la sensibilité de mon lectorat je n’aborde même pas le délicat sujet des hernies inguinales)
En revanche, neutraliser ce magnifique gaillard à l’aide de mon mètre, et admirer ses beaux pectoraux que l’on devine déjà sous son tee shirt me met de terriblement bonne humeur.
Je lui ordonne donc de me suivre dans le labo (qui est notre salle d’essayage) et le plus professionnellement possible, l’air de rien, lui demande d’ôter le haut quant une voix derrière moi m’arrête.
- « Liliii !!! Téléphone pour toi ! ».
Je ne me retourne même pas, notre homme est torse nu, toujours aussi souriant, et je découvre au même moment qu’il a des yeux bleus à tomber par terre. Il attend, il semble à ma disposition, je vais me régaler.
-« Ca doit être ma mère, dis-lui que je la rappelle plus tard »
Je me rapproche, et pose mes mains sur sa taille (pour prendre les mesures, je le rappelle !!)
- « euuuuuh non, c’est un homme….. »
Alors là mon geste s’arrête et je me retourne brutalement. Ce samedi soir prend une tournure bigrement intéressante. A ma gauche un merveilleux spécimen de muscles et de jeunesse, et à ma droite, au téléphone, un homme qui n’est pas ma mère et qui veut ME parler !!!!!. Va falloir gérer. Lili reste zen !
D’un sourire, que je veux époustouflant, je lance un «une minute s’il vous plait, je suis à vous tout de suite» dans la direction de mon client qui va finir par prendre froid, et d’une voix que j’espère chaude et sensuelle je murmure un «Alllllloooooooooo ???» au combiné.
- «Lili ? C’est Ludo, Pomponnette a la diarrhée !!!! keskonfé ??????»
En 1 seconde, exit le beau mâle, oubliées mes idées de viol sur les caisses de Fervex, ma nièce a les selles molles, je suis déjà au fond de la pharmacie à faire le point sur la couleur exacte, la consistance, et la fréquence du problème. Dans le labo c’est mon autre collègue pharmacienne, ravie, qui a pris le relaie.
Alors voilà, je voulais témoigner de cette façon, avec ce moment ordinaire, de ma vie de tante ordinaire, combien on ignore le dévouement et l’abnégation tanternelle !!!!. On nous saoule avec la maternité, la paternité, etc……..et la tanternité ?????????????