Je ne sais pas ce que serait ma vie sans mon ordinateur (en fait, «mes»……. j’en ai deux pour ma pomme…….comme si un n’aurait pu me suffire) et sans internet. Pour être honnête je crois surtout que je n’ose pas imaginer……..
Quand je prends la peine d’y réfléchir ça me ramène généralement 13 ans en arrière à l’époque la plus sinistre et la plus difficile de mon existence.
Je n’y reviens donc pas souvent et c’est un souvenir que j’effleure à peine car il reste une petite cicatrice sensible et une sorte de grosse boule me remonte dans la gorge comme un bon vieux Pavlov dés que j’y pense.
Les mauvais moments je n’aime pas trop patauger dedans et je préfère les ranger dans les tiroirs les plus difficiles à ouvrir de ma mémoire et de mon histoire. Je n’ai rien inventé je suis un peu comme tout le monde je crois.
Bon, en fait il n’y a rien de bien terrible, mais il y a 13 ans je devenais adulte.
Etre adulte en ce qui me concerne a toujours signifié qu’une seule chose : gagner ma vie. Même si j’ai parfois l’impression d’avoir encore 10 ans, même si j’ai des rêves de gamines, même s’il m’arrive épisodiquement d’avoir des réaction d’ado irascible, et même si je cultive avec amour cette part d’enfance qui reste en moi, je me suis considérée adulte le jour où ma première paye m’a rendu totalement autonome.
Je venais de «presque» terminer mes études, il ne me restait plus que ma thèse à pondre et à présenter, et je ne rêvais que d’une chose………ne plus rien devoir à personne. J’avais 25 ans et dépendre financièrement de mes parents me pesait sérieusement.
J’ai donc fait une grosse boulette……..et accepté quasiment le premier emploi proposé dans le trou du cul du monde à la frontière allemande, dans la région la plus sinistre de l’Est de la France (non je n’exagère pas). Et encore, je suis passée à un cheveu d’une boulette encore plus terrible puisque j’avais auparavant dit oui à un poste dans les Vosges dans un coin encore plus perdu où j’aurais du aller couper mon bois pour me chauffer…………(devant l’air franchement catastrophé de ma mère j’avais finalement trouvé le courage de me rétracter………et j’ai bien fait).
Il ne s’est donc pas écoulé un seul jour de chômage entre ma sortie de fac et mes premiers pas dans la vie professionnelle. Juste 1 semaine merveilleuse de vacances en Corse avec Poufpouf, puis j’ai débarqué un dimanche de juillet après avion, train puis bus (because retour de Corse) dans ce petit village qui allait devenir mon enfer personnel durant 1 an ½.
J’y avais loué un petit appartement charmant, mais quasiment vide……………je ne possédais pas grand-chose, sinon le strict nécessaire. Quand j’ai poussé la porte ce premier jour, mon sac de voyage sur le dos, et que je me suis retrouvée dans la pièce centrale immense, avec mes cartons disséminés ça et là et le téléphone posé par terre, j’ai failli fondre en larmes.
Je n’avais pas de voiture (2ième boulette j’avais refusé que mes parents m’avancent l’argent pour que je puisse m’acheter une petite occase), juste un vélo, et pas d’amis dans ce coin où je mettais les pieds pour la première fois. Le village se résumait à une rue principale, pas de librairie, pas de gare, deux bus par jour pour rejoindre la grande ville la plus proche (2 longues heures de trajet à la clé!!!), et un cinéma dont la fréquentation par la population locale m’a vite donné une idée quant à la soif culturelle des autochtones.
Pour parfaire le tableau je me retrouvais aux ordres d’un sombre con alors même que je débutais ma vie professionnelle avec une confiance en moi proche du néant. A sa décharge je dirais qu’il était jeune (29 ans à l’époque), moi aussi (25), et que nous étions encore tous les deux des louveteaux dans le domaine de la communication professionnelle. Il confondait mauvaise humeur et autorité, et je confondais «rentre dedans» et caractère. Nous nous sommes détestés avec beaucoup d’énergie.
Le téléphone coutait encore cher à l’époque pour mes amis comme pour moi, mes parents venaient d’être mutés en Arabie Saoudite, et en rentrant le soir à part allumer la télévision pour couvrir le silence, ou ouvrir un livre pour m’évader, je n’avais strictement rien à faire sinon gamberger………….
Les week end étaient sans fin et je dormais le plus tard possible pour qu’ils finissent bien vite, quant aux semaines à la pharmacie c’était l’horreur. Je me suis donc enfoncée tout doucement dans une sorte de dépression……….dont j'ai eu du mal à sortir ensuite.......
Quand je prends la peine d’y réfléchir ça me ramène généralement 13 ans en arrière à l’époque la plus sinistre et la plus difficile de mon existence.
Je n’y reviens donc pas souvent et c’est un souvenir que j’effleure à peine car il reste une petite cicatrice sensible et une sorte de grosse boule me remonte dans la gorge comme un bon vieux Pavlov dés que j’y pense.
Les mauvais moments je n’aime pas trop patauger dedans et je préfère les ranger dans les tiroirs les plus difficiles à ouvrir de ma mémoire et de mon histoire. Je n’ai rien inventé je suis un peu comme tout le monde je crois.
Bon, en fait il n’y a rien de bien terrible, mais il y a 13 ans je devenais adulte.
Etre adulte en ce qui me concerne a toujours signifié qu’une seule chose : gagner ma vie. Même si j’ai parfois l’impression d’avoir encore 10 ans, même si j’ai des rêves de gamines, même s’il m’arrive épisodiquement d’avoir des réaction d’ado irascible, et même si je cultive avec amour cette part d’enfance qui reste en moi, je me suis considérée adulte le jour où ma première paye m’a rendu totalement autonome.
Je venais de «presque» terminer mes études, il ne me restait plus que ma thèse à pondre et à présenter, et je ne rêvais que d’une chose………ne plus rien devoir à personne. J’avais 25 ans et dépendre financièrement de mes parents me pesait sérieusement.
J’ai donc fait une grosse boulette……..et accepté quasiment le premier emploi proposé dans le trou du cul du monde à la frontière allemande, dans la région la plus sinistre de l’Est de la France (non je n’exagère pas). Et encore, je suis passée à un cheveu d’une boulette encore plus terrible puisque j’avais auparavant dit oui à un poste dans les Vosges dans un coin encore plus perdu où j’aurais du aller couper mon bois pour me chauffer…………(devant l’air franchement catastrophé de ma mère j’avais finalement trouvé le courage de me rétracter………et j’ai bien fait).
Il ne s’est donc pas écoulé un seul jour de chômage entre ma sortie de fac et mes premiers pas dans la vie professionnelle. Juste 1 semaine merveilleuse de vacances en Corse avec Poufpouf, puis j’ai débarqué un dimanche de juillet après avion, train puis bus (because retour de Corse) dans ce petit village qui allait devenir mon enfer personnel durant 1 an ½.
J’y avais loué un petit appartement charmant, mais quasiment vide……………je ne possédais pas grand-chose, sinon le strict nécessaire. Quand j’ai poussé la porte ce premier jour, mon sac de voyage sur le dos, et que je me suis retrouvée dans la pièce centrale immense, avec mes cartons disséminés ça et là et le téléphone posé par terre, j’ai failli fondre en larmes.
Je n’avais pas de voiture (2ième boulette j’avais refusé que mes parents m’avancent l’argent pour que je puisse m’acheter une petite occase), juste un vélo, et pas d’amis dans ce coin où je mettais les pieds pour la première fois. Le village se résumait à une rue principale, pas de librairie, pas de gare, deux bus par jour pour rejoindre la grande ville la plus proche (2 longues heures de trajet à la clé!!!), et un cinéma dont la fréquentation par la population locale m’a vite donné une idée quant à la soif culturelle des autochtones.
Pour parfaire le tableau je me retrouvais aux ordres d’un sombre con alors même que je débutais ma vie professionnelle avec une confiance en moi proche du néant. A sa décharge je dirais qu’il était jeune (29 ans à l’époque), moi aussi (25), et que nous étions encore tous les deux des louveteaux dans le domaine de la communication professionnelle. Il confondait mauvaise humeur et autorité, et je confondais «rentre dedans» et caractère. Nous nous sommes détestés avec beaucoup d’énergie.
Le téléphone coutait encore cher à l’époque pour mes amis comme pour moi, mes parents venaient d’être mutés en Arabie Saoudite, et en rentrant le soir à part allumer la télévision pour couvrir le silence, ou ouvrir un livre pour m’évader, je n’avais strictement rien à faire sinon gamberger………….
Les week end étaient sans fin et je dormais le plus tard possible pour qu’ils finissent bien vite, quant aux semaines à la pharmacie c’était l’horreur. Je me suis donc enfoncée tout doucement dans une sorte de dépression……….dont j'ai eu du mal à sortir ensuite.......
Là pour le coup j'ai connu la solitude.
Je me suis fait quelques amis (au boulot), mais aucun de mon âge car tous partis travailler ailleurs dans des régions moins sinistres, plus dynamiques, et je n’ai pu finalement quitter cet endroit qu’une fois ma thèse passée, mon diplôme officialisé, et la voie libre pour exercer où je voulais.
Si je parle de tout ça c’est parce qu’à chaque fois que j’imagine ma vie sans internet je ne peux m’empêcher de me dire que ces 1 an ½ auraient pu être complètement différents aujourd’hui en 2010.
Mon travail aurait été aussi pénible, mon employeur aussi con, le village aussi sinistre, mais en rentrant le soir j’aurais pu me connecter, écrire en temps réel à mes parents, voir mes amis sur MSN comme je le fais aujourd’hui avec ma sœur, tenir un blog et me plaindre sans arrêt pour être ensuite encouragée par mes lecteurs. J’aurais pu surfer aux quatre coins du monde, commander des livres et des films, jouer en réseau, aller sur des forums, et mon ordinateur aurait été un précieux allié dans ces moments difficiles. Mon regard aurait été différent et le quotidien moins lourd à porter.
Aujourd’hui ma vie a changé. J’habite une région magnifique, j’ai des amis, les activités ne manquent pas, ma voiture me rend libre d’aller où je veux et j’ai un travail qui me plait.
Mais cette petite lucarne magique m’est devenue indispensable, et je ne sais comment je pourrais me passer de tout ce qu’elle m’apporte. Sans elle ma vie ne serait pas sinistre, mais je suis sure qu’elle serait bien moins riche……..
Je me suis fait quelques amis (au boulot), mais aucun de mon âge car tous partis travailler ailleurs dans des régions moins sinistres, plus dynamiques, et je n’ai pu finalement quitter cet endroit qu’une fois ma thèse passée, mon diplôme officialisé, et la voie libre pour exercer où je voulais.
Si je parle de tout ça c’est parce qu’à chaque fois que j’imagine ma vie sans internet je ne peux m’empêcher de me dire que ces 1 an ½ auraient pu être complètement différents aujourd’hui en 2010.
Mon travail aurait été aussi pénible, mon employeur aussi con, le village aussi sinistre, mais en rentrant le soir j’aurais pu me connecter, écrire en temps réel à mes parents, voir mes amis sur MSN comme je le fais aujourd’hui avec ma sœur, tenir un blog et me plaindre sans arrêt pour être ensuite encouragée par mes lecteurs. J’aurais pu surfer aux quatre coins du monde, commander des livres et des films, jouer en réseau, aller sur des forums, et mon ordinateur aurait été un précieux allié dans ces moments difficiles. Mon regard aurait été différent et le quotidien moins lourd à porter.
Aujourd’hui ma vie a changé. J’habite une région magnifique, j’ai des amis, les activités ne manquent pas, ma voiture me rend libre d’aller où je veux et j’ai un travail qui me plait.
Mais cette petite lucarne magique m’est devenue indispensable, et je ne sais comment je pourrais me passer de tout ce qu’elle m’apporte. Sans elle ma vie ne serait pas sinistre, mais je suis sure qu’elle serait bien moins riche……..
Pas facile d'en reparler, je me trompe ? en plus je ne t'aidais pas beaucoup à l'époque ... c'est ma grande honte ...
RépondreSupprimerIl était où cet affreux village ? En Alsace ?
RépondreSupprimerSouvent je me dis qu'internet m'aurait été d'un grand secours lorsque me tombait une tuile ;)
Ah vive internet et maintenant que je goûte au smartphone, crois-moi c'est encore mieux :D
Moi aussi, je me demande comment je faisais, et j'étais bien mieux lotie que toi!
RépondreSupprimerCette expérience t'a bien forgé, et je t'admire vraiment! Je ne vois pas franchement ça comme une boulette, mais comme une initiation "à la dure" qui semble t'avoir appris à apprécier la moindre petite chance maintenant, et tu l'as bien mérité :)
T'as raison, ça aide à engloutir la distance internet.
RépondreSupprimerJe visualise bien là ce que peut être l'expresson "se faire c*** comme un rat mort" Mais si tu avais eu le ternet magique, tu aurais été tellement addictive que ton quotidien t'aurait paru encore plus sinistre et moins supportable. Tu serais devenue une vraie no-life. Tu vois ce à quoi tu as échappé ?!!! Ce qui ne tue pas rend plus fort, te voilà aujourd'hui plus forte grâce à cette experience extrême...
RépondreSupprimerVoilà, des poncifs comme ça j'en ai à la pelle, si tu veux un coach pour booster tes jours bleus, tu me fais signe ;-)
Fais gaffe, demain ça va geler par dessus la neige :-D
C'était en Moselle, juste à la frontière près de St Avold. Entre la centrale et les puits.....
RépondreSupprimerAvec le recul je me dis que j'aurais du démissionner plus tôt, rejoindre peut être ma soeur à Paris où j'aurais trouvé du boulot sans problème et pu tout aussi bien bosser ma thèse.......
Mais bon, si on fait pas d'erreurs dans sa vie on apprend pas.....
Ce que tu décris me fait un peu penser à ma période Yorkshire. Arghh
RépondreSupprimerFabienne/ j'y pensais quand tu étais là bas........surtout après Vancouver, j'imagine le choc....
RépondreSupprimerTu m'étonnes. Je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas craquer. Trois... putain 3 ans!
RépondreSupprimer